S’il y a un président actuel sur le continent africain qui m’inspire et en qui je vois les qualités et la manière d’agir dont les Africains attendent d’un président, c’est Monsieur Ibrahim Traoré. Alors que les défis sécuritaires, le djihadisme et la mauvaise gouvernance ont régné et continuent de régner pendant des décennies sur le continent africain, où parfois l’on proclame que la croissance économique a grimpé d’un côté alors que de l’autre côté, le citoyen lambda ne cesse de croupir dans la misère totale, une catégorie de la population se dit que le peuple africain mérite mieux et qu’il est temps de changer la donne.
C’est ce que nous observons actuellement avec certains présidents dans le Sahel, particulièrement dans des pays comme le Mali et le Burkina Faso, qui ont été amenés à créer l’Alliance des États du Sahel (AES) récemment et ne veulent plus rester dans la grande Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Alors que le putschisme, la dictature, le coup d’État et tous leurs corollaires sont devenus des mots qui qualifient quelques présidents actuels dans cette région de l’Afrique de l’Ouest dans les médias, en observant de près ces jeunes présidents, on remarque plutôt qu’une seule envie les anime jusqu’à présent : contribuer au bien-être général de leur peuple et au développement intégral de leur nation.
Face à cette problématique, doit-on vraiment les qualifier de dictateurs, de putschistes ou devrait-on plutôt chercher une autre vision des choses ? Dans cet article, je vais me focaliser sur le président Ibrahim Traoré. Actuellement en Belgique pour mes études, je n’ai pas cessé d’être marqué et d’observer les vidéos de ses discours et de ses interventions au sein de son pays. Sous l’œil d’un jeune Africain moderne, Ibrahim Traoré incarne des caractéristiques que nous attendons tous de nos dirigeants africains. Mais il est indéniable que nombreux de nos présidents sont encore loin de ce que nous observons chez ce jeune président de près de 35 ans.
Voici donc 6 traits de leadership qui font d’Ibrahim Traoré un président unique en cette époque :
- Un leader visionnaire
À en croire les mots du président Ibrahim Traoré lors de son interview accordée à Alain Foka, sa vision est de pouvoir éveiller les consciences des peuples burkinabés. Contrairement à d’autres présidents, qui cherchent plutôt à endormir le peuple afin de le manipuler, de le piller et de faire ce qu’ils veulent, Ibrahim Traoré souhaite un peuple éveillé qui ne permettra plus aux dirigeants aux intérêts égoïstes de continuer à diriger la chose publique de manière chaotique. Sinon, il les détrônera trop vite, car il aura déjà gouté à ce qui est attendu réellement d’un bon dirigeant surtout dans le contexte africain. Pour son cas, il essaye de montrer au peuple ce qui s’est passé avant, comment stopper cela et comment se projeter vers un avenir désiré par tous.
2. Son message centré sur le service et le bien-être de sa population
Servir le peuple et ne pas se servir du peuple, c’est là l’amour de la patrie. Traoré a su réveiller le patriotisme en chaque citoyen, réveiller leur conscience, les mettre en confiance et leur faire savoir que leur patrie est la seule chose qui leur reste. C’est pourquoi même la population contribue et s’enrôle volontairement dans le combat pour la libération totale de leur nation contre le terrorisme.
3. La sécurité nationale : Son champ de bataille
Alors qu’on disait que le terrorisme ne pouvait pas être vaincu au Burkina-Faso, Traoré montre une voie pour mettre fin à cette guerre. Il a équipé son armée avec l’équipement et la logistique nécessaires, à tel point que les soldats burkinabés sont prêts à affronter les terroristes au sein de leur pays sans attendre l’aide ou l’appui militaire extérieur. Ce qui semblait impossible des années avant sa prise de pouvoir, alors que le pays avait même l’appui des puissances étrangères, devient simplement possible aujourd’hui sous son leadership.
4. Un problem solver
Les propos et les actions du président Traoré montrent un autre aspect important : il est totalement orienté vers les solutions. Le vrai leader dont l’Afrique a besoin est celui qui réfléchit sérieusement aux vrais problèmes de son peuple, comme un vrai père de famille. C’est le message que communique le leadership de Traoré.
5. Un président prêt au sacrifice suprême pour son peuple
Alors que nous connaissons tous comment étaient morts de vaillants héros africains comme Patrice Emery Lumumba, Thomas Sankara, Mouammar El-Kadhafi et d’autres, à cause de l’impérialisme qui étouffe l’Afrique, il y a une certaine peur qui semble s’être glissée chez certains leaders africains. On ne sent plus beaucoup d’authenticité dans leurs messages, mais des messages populistes. On ne sent plus l’espoir pour un avenir meilleur, mais juste des flatteries.
La détermination et l’engagement indéfectibles du président Traoré envers son peuple, affirmés dans une récente interview avec Alain Foka, sont une preuve de son sacrifice ultime. Le président Traoré a réaffirmé son engagement indéfectible envers son peuple, se disant prêt à faire le sacrifice ultime. Évoquant l’héritage de Thomas Sankara, souvent considéré comme son modèle, il a reconnu les dangers auxquels il fait face mais a déclaré ne pas connaître la peur. « Nous avons affronté la mort de nombreuses fois. Mais Dieu nous ait faits vivants, nous rendons grâce à Dieu. Donc nous ne connaissons pas la peur, » a-t-il affirmé avec une détermination inébranlable.
6. Association avec d’autres présidents africains partageant la même vision
Le président Traoré semble avoir bien compris un des secrets du leadership, comme le disait John C. Maxwell : « Un est un chiffre trop petit pour faire de grandes choses ». Cette vision s’est concrétisée avec la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) le 16 septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ce partenariat va au-delà de la simple coopération militaire, avec une vision commune de renforcer la souveraineté et l’autonomie de leurs nations respectives face aux pressions extérieures.
Cette solidarité régionale vise ainsi à créer un front uni capable de résister aux ingérences et de promouvoir le développement interne. Qui plus est, l’AES donne l’opportunité aux autres pays africains intéressés par leur projet panafricaniste de pourvoir leur rejoindre. C’est dans cette union et cette collaboration que réside la force nécessaire pour accomplir de grandes choses, surtout en fondant une structure sans influence extérieure en son sein.
Ce que les autres présidents devraient tirer comme leçon du tournant actuel au Burkina Faso
Mon arrivée en Europe pour mes études de Master m’a poussé à me poser maintes fois la question : pourquoi la majorité de nos leaders africains, qui ont des occasions de voyager à travers le monde et voient les prouesses réalisées ailleurs, ne s’arrêtent-ils pas pour dire que le peuple africain mérite mieux ? Comme Traoré, ne comprennent-ils pas qu’il y a un cercle vicieux de manque d’État de droit dans la majorité des États africains auquel il faut trouver une solution urgente ?
À mon avis, c’est le type de message que le président Traoré adresse à son peuple directement et indirectement aux autres présidents africains, lorsqu’il dit par exemple : « Nous n’avons pas besoin de dépendre des autres, nous sommes capables de nous suffire dans plusieurs domaines ou plans, il suffit juste de nous mettre au travail et les gouverneurs seront instruits …». L’Afrique a tout ce qu’il faut pour son décollage, il suffit juste de nous mettre sérieusement au travail, avec un leadership visionnaire, transformationnel et au service du peuple africain. Dans un monde globalisé où toutes les grandes puissances comme la Russie, les USA, la Chine et l’Union européenne comptent sur l’Afrique dans leur avenir stratégique, nos dirigeants devraient être les plus avertis et profiter de cette concurrence internationale qui n’est plus totalement dictée par un monopole occidental.
Ce n’est pas encore le paradis que vit le peuple burkinabé en ce moment. Mais il y a lieu de noter un changement de paradigme et de mentalité sur la gestion de la chose publique dans ce pays des hommes intègres. Et c’est un message fort que le président Traoré envoie dans le monde entier, particulièrement aux pays frères africains.
Enfin, doit-on se contenter de dire que Ibrahim Traoré est un dictateur ?
La réponse directe est simplement NON. Malgré toutes les tensions et les défis dans la région du Sahel, ce président se comporte beaucoup plus comme un apporteur d’espoir et des solutions aux défis qui gangrènent sa population. Que demande-t-il de plus un peuple à son dirigeant que cela ?
En fait, nous devons dépasser le discours qui cherche à accuser le président Ibrahim Traoré de putschiste ou de dictateur. Il ne cache pas ses intentions ; tout son combat consiste à contribuer au bien-être intégral de sa population, et ses actions ne cessent de le démontrer. À mon avis, au lieu de parler de dictateur, on devrait plutôt parler d’un despotisme éclairé, une forme de dictature bénéfique au peuple. C’est ce dont nous avons besoin actuellement dans plusieurs États africains, au lieu d’une démocratie qui ne produit pas les résultats escomptés.
Admettons aussi que le problème du non-respect des règles, tant de la CEDEAO, de la communauté internationale ou de l’Union africaine, est une responsabilité partagée entre lui, le gouvernement vainqueur en place et l’ingérence des puissances étrangères qui étouffent la souveraineté des pays pauvres. Comme le souligne si bien le père Arsène Brice Bado, vice-président de l’Université jésuite à Abidjan du Centre de recherche et d’action pour la paix : ceci devrait être « une occasion pour la CEDEAO de se réorganiser. Parce qu’il y a une sorte de revendication que les populations veulent, une sorte de souveraineté que les populations veulent, il faut pouvoir écouter cela »[1].
L’attention portée par le président Ibrahim Traoré aux citoyens ordinaires burkinabés est ce qui fait sa force et son appréciation. Peu importe que les autres qualifient son régime de putschiste, les réalités actuelles nous ont fait comprendre que l’ancien président qui a connu le coup d’État n’a pas été en mesure de donner cet espoir. La preuve en est que si tel aurait été le cas, nous n’aurions pas assisté à ce changement brusque de régime. Il est également important que les autres pays africains tirent des leçons de cette situation. Nous restons d’avis que leur façon d’accéder au pouvoir n’a pas été idéale, mais n’oublions pas non plus de rechercher les causes profondes qui poussent ces militaires à accaparer le pouvoir.
Pour conclure, Monsieur Traoré incarne le principe « la patrie ou la mort », un slogan profondément ancré dans l’histoire du Burkina Faso. Dans ses propos lors de son interview avec Alain Foka, il souligne avec vigueur que nos nations ne sont pas pauvres par essence, mais sont victimes de la mauvaise gestion, du vol et du pillage de leurs ressources, qui maintiennent le continent africain en général dans la misère. Il affirme fièrement n’avoir aucun compte à l’étranger, et n’en désire aucun. Bien qu’il reconnaisse que diriger une nation dans une situation aussi difficile que celle du Burkina Faso est souvent épuisant, il puise sa force dans l’amour du peuple, seule véritable source de sa résilience.
Auteur: Gloire Musimwa
Pourquoi la question là. On peut être leader visionnaire et dictateur en même temps. Arrêter de poser ces genres des questions comme ça