Vers une gestion harmonieuse du temps et des priorités.

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L’idée de gestion du temps ne cesse de retenir l’attention de milliers d’individus qui sentent que leur efficacité serait considérablement accrue s’ils avaient un bien meilleur contrôle de leur temps. Les choses qui requièrent notre attention immédiate ne cessent de se multiplier et nous vivons des frustrations perpétuelles parce que nous sentons que nous avons toujours beaucoup à faire en si peu de temps. Alors le thème de la gestion du temps nous séduit et attire notre attention dans l’espoir que nous allons trouver la solution à notre problème chronique de manque de temps. Cependant, en dépit de nos efforts pour avoir un meilleur contrôle de notre temps, nous avons toujours l’impression que le temps nous échappe.

Ma théorie est telle que si nous avons eu très peu des résultats en dépit des toutes les formations et les séminaires suivis en gestion de temps, c’est avant tout, et fondamentalement à cause de notre mauvaise compréhension du concept même de temps. Qu’est-ce que le temps ? Est-ce une séquence chronologique du moment codifié par l’heure, minute et/ou Seconde ou c’est un Âge, une époque où une période ? Est-il linaire ou cyclique ? Est-il bidimensionnel (passé-présent) ou tridimensionnel (passé-présent-futur) ? À cet égard, le futur est-il devant nous ou derrière nous ? Est-ce le temps une ressource rare ou une ressource disponible ?

Certes, je viens là de soulever des questions philosophiques qu’il sera impossible d’aborder extensivement et de manière satisfaisante pour des raisons à la fois du ‘temps’ et de l’espace. Pourtant, ce sont des questions cruciales qui peuvent, et qui doivent illuminer notre manière de comprendre et d’approcher le temps.

Mais avant d’aller plus loin, il importe de soulever une dernière question. Il devient plus fréquent de dire : « je n’ai pas le temps ». Mais que veut dire cette expression ? Sûrement pas que je dispose de moins de temps chronologique que les autres. Il serait absurde de faire une telle affirmation parce que nous savons tous que nous avons 24 heures chronologiques. Mais voulons-nous dire que nous avons plus des choses à faire, que nous en avons le temps pour le faire ? Ou que ce que vous me demandez de faire ne vaut pas mon temps ? Ou une manière polie de refuser de faire certaines choses ? Il me semble qu’assez souvent, c’est l’une de ces trois dernières réponses que nous voulons donner quand nous disons que nous n’avons pas le temps.

Mais dire que certaines choses valent notre temps et non pas d’autres, revient à admettre, au moins implicitement, que certaines choses sont plus importantes que d’autres. C’est de cette façon-là que la notion gestion du temps est liée à celle de gestion des priorités parce que nous donnons notre temps à certaines choses (celles qui nous paraissent importantes) et non pas à d’autres. Toute la question devient alors, comment déterminer les choses qui valent notre temps ? Et je dois admettre que cette question est sujette à toutes sortes de confusions et malentendus.

Dans ce présent article, nous soutiendrons l’idée selon laquelle une gestion efficace du temps ne saurait commencer par des efforts pour une bonne maîtrise du temps chronologique, mais plutôt par une bonne compréhension de la nature du temps et ce qui importe réellement dans la vie.

La nature du temps.

Alors, qu’est-ce que c’est le temps ? Le temps est. Mais notre perspective sur le temps est conditionnée par notre époque et notre civilisation.

La perspective occidentale par exemple voit le temps comme linéaire, quittant d’un point A (naissance) vers un point X (mort), par conséquent, perdre une heure chronologique revient à perdre une ressource précieuse et rare qui ne reviendra plus jamais. Il faut de ce fait capitaliser chaque minute, parce que celle-ci compte. Parce que le temps est chronologique, il s’étale sur un continuum passé-présent-futur, avec l’espoir et l’optimisme que le futur (qui est devant nous) sera meilleur. La question qui guide les choix des personnes qui tiennent cette compréhension est celle de savoir comment tirer le plus grand profit du temps imparti ? Comment avoir plus, faire plus alors que nous ne pouvons pas retenir le temps (il ne fait que passer). Le respect de l’heure doit être d’une application stricte, parce qu’étant donné que nous n’en avons pas beaucoup, il ne faut pas en perdre. D’ailleurs, il faut avoir des objectifs et des tâches à exécuter à la minute près pour ne pas en perdre.

D’autre part, la perspective orientale, et dans une large mesure, Africaine est l’opposé de la perspective occidentale. Le temps est cyclique, fait des saisons et des époques. Ce qui était, sera encore. Quand on regarde dans la nature, on se rend compte qu’année après année les cycles saisonniers se succèdent et la vie reprend le même rythme à la même saison. Le temps est bidimensionnel : ce qui était et ce qui sera. Pour la pensée Africaine par exemple, l’idée du futur est soit très floue soit inexistante. Les Babembe ont le même mot pour le passé et le futur, suggérant une compréhension bidimensionnelle du temps. Parce que le temps est cyclique, il est là. Si on le rate aujourd’hui, on le récupèrera à la prochaine saison. Parce que le temps est là, pourquoi faut-il être pressé ? Nous pouvons prendre tout notre temps parce que nous en avons.

Alors que la perspective occidentale est tournée vers les objectifs et les résultats, celle orientale est tournée vers les relations et les conversations. Alors que pour l’oriental, c’est normal de prendre deux heures de conversation au milieu de l’exécution d’une tâche, ce comportement est une grande perte de temps et par conséquent inadmissible pour l’occidental.

Pour l’occidental le temps est une ressource rare alors que pour l’oriental, le temps est une ressource disponible.

Enfin, alors que pour l’occident le futur est devant nous parce que son paradigme est basé sur la compréhension linéaire du temps, pour l’orient le futur est derrière. Les enfants viennent après les parents.

A ce stade, le lecteur voudrait que je lui facilite la vie en lui disant laquelle de ces deux perspectives est la meilleure pour qu’il puisse l’adopter. Mais une telle demande passe à côté du fait que le temps comme réalité objective n’est ni oriental ni occidental. Il est. Et chacun ne pourra que récolter les fruits de sa perspective sur le temps.

D’autres diront que la perspective occidentale est la meilleure parce qu’elle leur a permis de se développer et d’accomplir beaucoup des choses. Une telle affirmation nous paraît hâtive et superficielle parce que le meilleur usage du temps ne saurait être évalué sur l’unique base des progrès matériels et technologiques. Après tout, il est possible, pour reprendre l’expression de Stephen R. Covey, auteur de 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent, d’escalader l’échelle du succès pour se rendre compte une fois au sommet que l’échelle était posée contre le mauvais mur.

Notre évaluation de la meilleure perspective sur le temps ne pourra être faite qu’en tenant compte de ce qui compte réellement, les choses qui rendent la vie digne d’être vécue. Les choses qui procurent un véritable bonheur et une quiétude transcendante. C’est seulement quand nous investissons notre temps dans l’accomplissement de ces choses que nous pouvons dire que nous faisons une gestion efficace de notre temps. Parce que la vérité est telle que la clef de la gestion du temps n’est pas dans le « faire plus et plus vite » mais dans le « faire ce qu’il faut ».

Aimer, se développer et contribuer

Alors quelles sont ces choses qui rendent la vie digne d’être vécue ? Plus fondamentalement, quel est le but de la vie et quel est le modèle d’une vie réussie ? Nous proposons brièvement 3 aspects dont il faut considérer dans notre quête de ce qui est important dans la vie :

Aimer : les êtres humains éprouvent très peu des besoins aussi accentués que le besoin d’aimer et d’être aimé. Nous sommes irrémédiablement des êtres profondément sociaux. Nous ne pouvons pas vivre sans appartenir. Alors, l’une des choses fondamentales à laquelle on puisse se donner c’est construire et entretenir les relations. Ce n’est pas une perte de temps d’entrer en compagnie des personnes qu’on aime et qui nous aiment. Je suis profondément sidéré par la banalité avec laquelle les gens prennent leurs relations avec les autres, ce renversement de valeur qui consiste à prendre des personnes comme des objets à utiliser et les objets comme des personnes à aimer. Mais la sagesse éternelle qui se fonde sur les principes justes nous rappelle que la richesse d’une vie ne consiste pas dans l’accumulation et la poursuite obsessive de la réussite matérielle, mais dans la qualité de nos relations et l’intimité que nous avons avec les personnes qui comptent le plus pour nous. Les relations fondées sur le don de soi, l’Amour sans condition, le pardon et le désir de se réconcilier avec les êtres chers restera une des priorités les plus fondamentales de quiconque veut vivre une vie réussie. Avez-vous trouvé l’amour ? Il y a-t-il dans votre vie quelqu’un avec qui vous avez besoin de vous réconcilier ?  Comment pouvez-vous montrer plus d’amour et faire don de soi ?

Se développer : la question du but de la vie ne saurait être répondue sans un effort sérieux d’introspection afin de découvrir ses talents, et une volonté imparable à les développer jusqu’à ce qu’ils soient reconnus. Quand on parle de talent, on ne fait pas seulement allusion aux aptitudes à bien chanter ou jouer au football. On parle de chacune des capacités enfermées en vous qui nécessitent qu’on l’entraîne, car c’est dans ces aptitudes que se trouve votre voie et la contribution unique que vous seul êtes capable d’apporter afin de faire de ce monde un meilleur endroit. Il est regrettable de voir combien les jeunes gens sont à la poursuite d’un diplôme plutôt que de leur développement intellectuel, d’un statu plutôt que du savoir et de la sagesse. A ce jour, on devrait déjà se rendre compte que c’est plutôt le savoir, qui procède du développement intentionnel et rigoureux de ses aptitudes intellectuelles, et non pas un diplôme entant que bout de papier sanctionnant l’accomplissement d’un cursus, qui crée de la valeur dans la communauté, pour les communautés. Prenez-vous votre développement personnel au sérieux ? Par développement personnel, on ne fait pas seulement allusion à la lecture des livres, mais plutôt des efforts volontiers de vous améliorer constamment pour exceller.

Contribuer : quel est le message de votre vie ? Comment le monde, par vos efforts deviendra meilleur ? Mon grand-père est né à la même période que Lumumba. L’un a vécu 102 ans, l’autre seulement 35, mais pour l’un, aussi longtemps que le Congo existera son nom et l’histoire de sa vie seront à jamais racontés à toutes les générations alors que pour l’autre, même ses petits-fils ont du mal à reconstituer le fil de son existence. Quelle est la différence ? La différence réside dans les causes pour lesquelles chacun a choisi de consacrer sa vie. Et vous, quelle est la cause de votre vie ? Nous avons été créés pour avoir un impact qui vivra plus longtemps que nous. En regardant la trajectoire de votre vie, est-ce que c’est vers un impact transcendant que vous allez ? Cent ans plus tard, quand les annales de temps glorieux de votre époque sont ouvertes pour être lues aux générations futures, l’écho de votre vie résonnera-t-il au travers les pages des livres d’histoire ? D’abord, nous écrivons l’histoire, ensuite l’histoire nous raconte. Mais dans le récit de votre propre création, quel personnage êtes-vous ? Le héros ou l’anti-héros ? Le personnage central ou un des personnages périphériques ? Ces questions ne sauraient exiger des réponses plus immédiates.

Vers une vision aiônique de l’existence

C’est quand nous vivons pour impacter que nous développons une vision de l’existence qui dépasse le chrono et nous amène dans une dimension aiônique du temps. Du grec Aionos, qui veut dire un âge, une vie. Cette vision aiônique prend sa source au plus profond de nous-mêmes et elle est nourrie par l’héritage d’un monde plus beau et plus guéri que nous sommes capables de laisser derrière nous. Elle donne vie à nos objectifs et nos tâches quotidiennes. Elle nous donne un sens de direction et nous pousse à nous dépasser. Elle clarifie comme sous un soleil levant les choses les plus importantes pour nous et génère en nous une énergie passionnante qui nous permet de poursuivre les choses les plus importantes.

Vivre au quotidien sans avoir une vision globalisante de son existence est à la base de toutes les frustrations liées au manque de temps. Au contraire, avoir une vue d’ensemble de votre vie et des choses qui comptent réellement permet d’avoir un sens clair de direction. On n’est plus emporté par le moment, mais le moment devient subordonné aux objectifs prioritaires qui découlent de la vision de notre vie et des résultats que nous désirons obtenir non seulement immédiatement, mais à long terme. Le choix d’affectation de notre temps est alors informé non plus nécessairement par ce qui est pressant et immédiat, mais par ce qui compte réellement pour nous. Bien plus, nous commençons à chercher des manières d’avoir du temps pour ce qui est important pour nous. C’est alors que toutes choses commencent à se mettre naturellement en place.

Auteur: Consolateur Jean

4 réflexions sur “Vers une gestion harmonieuse du temps et des priorités.”

  1. Wahouh!!! L:article est parfait je ne le pas encore lu en entier mais deja il m’aide a compremdre tant de chose sur la gestion du temp….

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